Châtelaine , encore # 2
Donc la princesse se marie . Et quitte La Turmelière , en Maine et Loire , pour l'Orne .
Et elle découvre son nouveau lieu de vie et de travail :
Champthierry à Saint Maurice-lès-Charencey .
A droite c'était l'infirmerie et le service médical . Champthierry est un IMT , c'est à dire un Institut médico-technique qui accueille des adolescents épileptiques non stabilisés dans leur maladie .
L'IMT était un village dans le village . Nous y étions "pensionnaires" comme les jeunes et à temps plein . Un jour de congé en semaine et pendant les vacances scolaires 24h/24.
Il y avait bien sûr les soins: cabinets médicaux pour le pédiatre , les neurologues , un cabinet dentaire , une infirmerie où je travaillais . L'encadrement éducatif était fait par des hommes uniquement et donc pas de poste d'éducatrice . Donc je suis devenue , par un arrangement dont le propriétaire -directeur avait le secret, secrétaire médicale-encadrante de l'infirmerie -assistante de consultations et femme de ménage .
Un jour, on m'a proposé de me financer l'école d'infirmières . Sur des fonds de la caisse noire du patron . Et me voilà partie à l'école à L'Aigle ... C'est là que j'ai découvert que j'étais plus "sensible" à la fonction d'aide et de soutien qu'aux soins techniques médicaux ...
Revenons à Champthierry . partie médicale oui mais une grande partie d'apprentissages qualifiants , divers et variés : horticulture , menuiserie , maçonnerie . Ce dont je me souviens .
Un appartement de fonction , des repas fournis y compris lorsque nous avions des invités . Nous déposions simplement nos plats aux cuisines . En plus on nous donnait tous les lundis les paquets de café , le sucre et le lait pour la semaine . Une épicerie , la coopé , pour y acheter la lessive et autres besoins .
Des équipements sportifs : piscine , tennis , terrains de foot . Une salle de cinéma .
Une vie en autarcie pour l'encadrement et pour les jeunes . Ceux-ci étaient confrontés à un cadre protégé mais qui les poussait à se dépasser , à se réaliser malgré la maladie . Ils reprenaient confiance en eux . Les traitements affinés , parfois des cures de sommeil , et des stabilisations de la maladie , le but de l'institut .
J'ai découvert la maladie , j'ai aidé ces jeunes malades du mieux que je pouvais . J'ai aussi été confrontée à des épreuves redoutables pour ces garçons : des crises de grand mal qui occassionnaient des chutes lors de chantiers ou des risques de noyades à la piscine . Le suicide de Jean-Claude, puni pour un devoir baclé et qui se jette du haut du château . J'étais en bas ...Phobique des hauteurs pendant des années après çà . J'avais 20 ans .
Un sentiment d'utilité professionnelle,un engagement humain , des moments de vie partagée très chaleureux .
Beaucoup de souffrances chez ces adolescents , des difficultés pour l'encadrement qui subissait le fait du roi . Treize démissions le même jour et nous voilà partis travailler à La Baule . Devinez où ? Dans un manoir .
On ne se refait pas . Suite au prochain numéro .
Cerise violette