Du haut en bas et inversement
Une de nos proches souffre de bipolarité. Peut-être ne savez-vous pas de quoi il s'agit ?
Bibou, nous l'appellerons ainsi, a du être hospitalisée tellement elle souffrait d'un syndrome dépressif aigu à la suite d'une modification de son traitement .
Sa maladie s'est longtemps appelée psychose maniaco-dépressive, maintenant on dit troubles bipolaires. Des troubles de l’humeur , des variations avec des périodes d’excitation (manie ou hypomanie) et de dépression, voire de mélancolie profonde, entrecoupées de périodes de stabilité.
Le risque suicidaire est important (20 % des patients). Le diagnostic est souvent fait tardivement (8 à 10 ans d’évolution), ce qui aggrave le pronostic. C'est le cas pour Bibou, diagnostiquée il y a 17 ans alors qu'elle avait déjà abandonné sa formation finale d'ingénieur.
Nous tremblions pour elle à l'idée d'un passage à l'acte lors de ses descentes aux enfers, que nous pensions être de la dépression. A contrario, ses phases maniaques se traduisaient par des dépenses non contrôlées, donc une mise sous tutelle, des alcoolisations, des mises en danger relationnelles et des règlements de comptes verbaux qui pouvaient avoir des conséquences importantes sur sa vie.
Les symptômes de l’épisode dépressif sont nombreux :
• Humeur dépressive, tristesse
• Inintérêt
• Fatigue, perte d’énergie
• Trouble de l’appétit
• Troubles du sommeil
• Ralentissement ou agitation
• Sentiment d’infériorité, perte de l’estime de soi
• Sentiment de culpabilité inappropriée
• Difficultés de concentration
• Idées noires, pensées de mort, comportement suicidaire.
Épisode hypomaniaque ou maniaque:
• Augmentation de l’activité ou agitation
• Augmentation du désir de parler
• Difficultés de concentration ou distractibilité
• Réduction du besoin de sommeil
• Augmentation de l’énergie sexuelle
• Achats inconsidérés ou conduites irresponsables
• Augmentation de la sociabilité ou familiarité excessive.
Les modifications de l’humeur et du fonctionnement habituels peuvent perturber les activités quotidiennes, sans gêner le fonctionnement professionnel ou social et sans nécessiter une hospitalisation.
Les périodes séparant épisodes dépressifs et maniaques raccourcissent avec les années avec , parfois, une absence de période de rémission. Dans certains cas, les symptômes dépressifs et maniaques apparaissent en même temps ou alternent très rapidement. Les activités professionnelles et sociales ou les relations interpersonnelles sont perturbées.
Une hospitalisation est parfois nécessaire pour éviter des effets dommageables pour la personne ou pour autrui.
Evolution :
Plusieurs facteurs peuvent favoriser l’évolution d’un trouble unipolaire en trouble bipolaire. Un trouble dépressif sévère avec des caractéristiques psychotiques ou mélancoliques, des épisodes dépressifs caractérisés récurrents, l’hypersomnie et le ralentissement psychomoteur.
Les troubles bipolaires ont tendance à se développer à la suite de troubles dépressifs aigus, chez des personnes jeunes (avant 25 ans) n’ayant pas de troubles avant l’adolescence. Il y a un risque de trouble bipolaire plus important après un accouchement.
L’hypomanie d’origine pharmacologique et des antécédents familiaux de trouble bipolaire sont aussi des variables prédictives d’une bipolarité.
Origine :
On situe l’origine de la dépression dans des expériences infantiles de perte, de souffrance et d’échec.
Traitement :
Pluridisciplinaire entre psychiatrie, services sociaux, médico-sociaux ou éducatifs, juridiques et médecine du travail. Très souvent, le traitement est ambulatoire et nécessite la collaboration du patient et de son entourage.
Une prise en charge ambulatoire dans un centre d’accueil à temps partiel, un hôpital de jour ou un atelier thérapeutique peut parfois être utile.
Dans certaines dépressions sévères à risque suicidaire important ou lorsqu’un bilan somatique complet s’impose, une hospitalisation – parfois sans consentement – peut être décidée. Dans tous les cas le patient doit être informé de la raison médicale et être associé aux décisions. Bibou était partie prenante de l'hospitalisation parce qu'elle est très consciente de sa souffrance et du risque de s'effondrer de façon majeure.
Les épisodes aigus maniaques ou mixtes, hypomaniaques sont traités avec un thymo-régulateur ou certains neuroleptiques.
Les épisodes dépressifs légers : psychothérapie. Sans antidépresseur.
Les épisodes dépressifs moyens : des médicaments peuvent être prescrits en complément ou avant la psychothérapie.
les épisodes dépressifs sévères : antidépresseurs, associations d'antidépresseur et psychothérapie, ou antidépresseur et un autre psychotrope( somnifère , tranquillisant ), hospitalisation selon les cas.
Après un premier épisode de trouble bipolaire le traitement doit être maintenu au moins deux ans.
Si le risque de rechutes est très élevé (sévérité de l’épisode, alcoolisme, abus de substances, trouble de la personnalité associé) le traitement doit être maintenu au moins cinq ans.
L’interruption d’un traitement médicamenteux est toujours très progressive.
Ce que je sais c'est que c'est une maladie invalidante, douloureuse qui broie l'énergie et les moments heureux.
De petites victoires du malade sont pour lui, gravir l'Everest .
Bibou fait son lit chaque matin, se prépare des repas vites faits mais mange, sort faire des courses et même s'offre une tasse de thé dans un salon de Rouen. Elle peut appeler et répondre au téléphone, et même rire lors d'une conversation.
Bibou travaille dur à faire le deuil de projets professionnels et familiaux , dommages collatéraux qu'on ne mesure pas toujours .
Alors moi je dis "Chapeau, Bibou ! ". Sois ta meilleure amie et apprécie les petites choses que tu réalises, avant de réussir prochainement les grandes . Il y a du désordre dans ta tête, toi seule peux ranger un peu mais sache que j'apprécie particulièrement le ménage que tu fais.
Et sur ce blog , il y a maintenant des témoins de ta maladie et , j'en suis sûre, beaucoup d'empathie.
Courage, ma Miss .
Violette