Mythes et légendes sur le rouge-gorge
Inspiré par Monsieur Sakura dont la thèse portait sur le struturalisme des mythes.
Il m'a parlé du rouge-gorge , notre visiteur habituel . Solitaire et gourmand .
Un petit oiseau gris cherchait un arbre pour s'abriter du froid et du vent d'hiver. De tous les arbres, seul le houx lui offrit son hospitalité. Tout heureux il s'installa sous son feuillage coriace. Malheureusement il se blessa avec une des feuilles piquantes et le sang jaillit des son poitrail gris . Cela coloria son plumage en rouge-orangé . Le rouge-gorge en fut transformé.
Une autre légende dit qu'il aurait hérité de sa couleur en retirant une épine de la couronne ensanglantée de la tête du Christ alors sur la croix.
Chez les Celtes il est l'emblème des jardiniers et des agriculteurs. On le surnomme evnig al labourer, le petit oiseau du laboureur. Il a sauvé les Bretons de la famine peu après leur installation en Petite Bretagne. En effet, leurs semailles étaient constamment dévastées par des animaux. Après avoir prié le ciel, ils virent venir le petit oiseau qui laissa tomber de son bec un grain de blé et s'envola.
On planta cette semence et, en quelques heures, le sol fut couvert d'une moisson dorée. La Bretagne est depuis une terre à blé. Le rouge-gorge habitera la Bretagne jusqu'à la fin du monde, et personne ne se risquerait à en tuer un ou alors ce sera le châtiment : An neb a lazh ar bruched ruz / A gouezh en tan pe el ludu, quiconque tue le rouge-gorge tombe dans le feu ou dans la cendre.
Le rouge-gorge est aussi mythique du feu. ll alla chercher du feu, et en faisant cela il brûla toutes ses plumes. Les oiseaux eurent alors pitié de lui et résolurent de le vêtir de nouveau en lui donnant chacun une de leur plume mais à cause de ses brûlures, sa poitrine est toujours restée rouge.
Ou encore :
Durant la deuxième nuit après Noël, il faisait froid et le feu allumé à l'entrée de l'étable s'éteignait doucement. A l'intérieur, couchés sur la paille, tous dormaient en frissonnant.
Le Bon Dieu, attentif du haut du ciel, interpella un petit oiseau gris et brun qui picorait à ses pieds :
-Descends, va ranimer le feu .Je ne veux pas que mon Fils ait froid".
L'oiseau s'envola et descendit vers Bethléem. Arrivé à l'étable, il s'approcha du feu où un tas de cendres sous lequel couvaient quelques braises, et où il restait quelques branchages non consummés.
L'oiseau se percha sur une grosse bûche préparée devant le foyer et agita ses ailes. Peu à peu, sous le courant d'air, les cendres laissèrent les braises se mettre à rougeoyer. Leur chaleur devint si forte que les plumes de la petite bête roussirent.
Décidée à finir sa tâche, elle supporta la douleur jusqu'au moment où les flammes jaillirent, embrasant les branchages au dessus. La flamme réveilla alors Joseph, qui se leva pour nourrir le feu. Il commença à faire chaud dans l'étable.
Se tournant vers l'oiseau, Saint Joseph lui dit :
-Pour rappeler ton dévouement à l'enfant Jésus, ta poitrine gardera la couleur rouge du feu, et tu t'appelleras désormais le rouge-gorge.
" Au feu ! au feu ! crièrent les moineaux.
Au feu ! son plastron brûle !
Qu’on déverse sur lui le seau
De la petite Ursule ! "
Mais calmement, le rouge-gorge
Continuait à remuer
Les pattes, la queue, le gosier
Sans voir qu’il faisait flamboyer
Autour de lui, l’hiver entier.
Maurice Carême, "La Grange bleue", 1961)
Champagne-Ardenne,
5 Boulevard Belgrand,
10130 Ervy-le-Châtel
03 25 42 10 46
et
Violette