Une semaine et un jour ...
A admirer la performance d'Arthur Germain, le jeune nageur de 19 ans. Sa performance. Descendre la Seine depuis sa source pour parler de l'environnement de l'eau, de la pollution avec des preuves et son ressenti, au jour le jour.
780 km en autonomie totale, tirant derrière lui sa "maison", un kayak dans lequel se trouvent, dans des sacs étanches sa nourriture végétarienne lyophilisée, de l'eau, du lait végétal, des céréales et graines, un réchaud, sa tente et hamac, ses vêtements et son informatique. Il recharge la batterie de son téléphone par l'énergie solaire et seule concession à la dépendance, que des riverains lui donnent de l'eau car il n'a de la réserve que pour 3 jours et lui permettre de temps en temps de se doucher.
Il est accompagné tous au long de ces 2 mois , de François Guillotte , un cycliste photographe bénévole de 65 ans, architecte et artiste François est, lui aussi, un performeur et je me demande s'il n'a pas parcouru plus du double de la distance à la recherche de chemins de halage pour suivre Arthur.
François demandait simplement à être hébergé chez l'habitant le soir, peu ou prou près des haltes d'Arthur.
Frugal, il se nourrit de boites de sardines ou de maquereaux, de boites de crème de marron et de fruits secs variés. Il transporte tout son barda dans ses sacoches .
Pour obtenir les autorisations de nager dans la Seine , aidé dans ses démarches par son père Jean-Marc Germain , économiste et politicien, il a du accepter l'accompagnement d'une équipe de 3 bénévoles de la Protection civile de Paris 12, en zodiac semi-rigide , à ses côtés, le temps de la nage. Eux dorment en appartement , à Paris puis à Rouen et à Honfleur où ils remorquent en voiture le zodiac qui leur est confié . La Protection civile n'a pas de membres permanents à bord puisque chacun fait en fonction de ses disponibilités .
Antoine, le chef de bord a pu tout parcourir. Cet homme que je croyais un pro de la natation, est un chercheur , docteur en physique-chimie . Il travaille sur des recherches de matériaux pour des prothèses intervertébrales , des disques et c'est un travail à très long terme (15 ans, nous a-t-il dit ). Une autre est diplômée en communication internet et un autre cheminot (non roulant) qui participait lors de ses jours de congés. Et tous ceux à qui je n'ai pas posé la question de leurs occupations en dehors de la Protection civile.
Arthur a pris sa pause nocturne près de chez nous à Bédanne et, malgré nos efforts pour le trouver, nous avons échoué. Il faut dire qu'il n'y avait que de rares passages vers la Seine et qu'Arthur avait trouvé refuge sur la terrasse de riverains. Nous ne risquions pas de le voir.
Capture d'écran du parcours.
Arthur a envie et besoin de calme et d'indépendance, propre à son autonomie. Il privilégie les endroits sauvages, dans une trouée abritée de la rive .
Le lendemain nous sommes repartis à la pêche. Ô bonheur, Arthur Germain est à Oissel, sur la berge rive gauche. Intimidés, nous nous approchons tout de même et Arthur est bien celui que renvoie son image. Simple, souriant, pédagogue, sans donner de leçon.
Il est le plus jeune nageur à avoir traversé la Manche en 2018 , à 16 ans et le seul à descendre toute la Seine.
En bleu la Seine
A droite Arthur Germain, à gauche Antoine (Protection civile) et un autre bénévole.
A droite François Guillotte , cycliste -photographe du parcours, à gauche Vincent Grenet, consultant en évènementiel et sociétaire du Hangar Zéro au Havre avec François .
Le kayak porteur de messages et son chargement étanche
A la droite d'Arthur, Agathe de la Protection civile Paris 12, derrière lui, François, exceptionnellement à bord du Zodiac . Belle récompense. Le vélo part dans une voiture jusqu'à Rouen. Solidarité !
Abdelkarim Belkassem admiratif .
Abdelkarim Belkassem discute avec Arthur Germain de ses romans qui ont la Seine pour cadre "La Bête et le Boss" Editions Thot-Polar et "La marche des Harraga", Editions Thot où trois jeunes Marocains traversent le détroit de Gibraltar en radeau de Tanger vers l'Espagne*. Il a offert ses livres à Arthur en témoignage d'encouragements pour lui.
*Arthur nous a parlé de sa famille maternelle, originaire du sud de l'Andalousie, à Xérès (Jerez de la Frontera). Sa mère est très connue, c'est Anne Hidalgo, politicienne, maire de Paris.
Arthur a nagé jusqu'à Belbeuf puis en fin de journée jusqu'à Rouen où l'attendait des admirateurs, puis le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, et Anne Hidalgo, la maire de Paris, sa mère, émue de le voir si courageux. Nous n'y étions pas, trop de monde !
Par contre, demain, nous serons à Amfreville-la Mi-Voie et Belbeuf où nous retrouveront toute l'équipe et d'autres passionnés de la Seine.
Violette