Le carillon de la Bastille
Saviez-vous que vous alliez découvrir, sur mes terres normandes de proximité, l'histoire du carillon de la Bastille de Paris ?
Romilly-sur-Andelle
La Bastille, construite au 14e siècle durant la guerre de 100 ans pour protéger Paris des Anglais, fût très vite impopulaire. En effet Hugues Aubriot, son constructeur, avait réquisitionné tous les oisifs de Paris pour bâtir cette prison. Cela provoqua beaucoup de mécontentement mais aussi sa disgrâce. Il en fût le premier prisonnier...
Au XVIIe , elle devint prison d'état avec des incarcérations sur lettre de cachet, sans jugement.
En 1760/1761, une horloge fut commandée à Monsieur Quillet. Dotée d'un carillon pour une somme de 3767 livres et 5 sols, elle devait être installée entre deux des sept tours de la forteresse royale de la Bastille, celle de la Chapelle, et celle de la Liberté.
Le carillon était composé de 3 cloches, de 125kg et 48 cm de haut, 72kg et 40 cm de haut et 50 kilos et 34 cm de haut. Elles étaient décorées de fleurs de lys , de filets en surépaisseur, ainsi que de figures allégoriques.
Musée d'Art Campanaire de l'Isle-Jourdain
La troisème cloche porte la mention suivante : "Ses trois cloche son fait par Louis Cheron fondeur de la Cour pour la royale Bastil lan 1761". Sur les deux autres : "Jean Charles Cheron mafait. 1762.". Presque toujours, les fondeurs travaillaient en famille et très souvent au pied de l'édifice où les cloches étaient prévues.
Lors de la prise de la Bastille, le soir du 14 juillet, on s'aperçut que l'horloge s'était arrêtée à 5 h15 . Les révoltés l'avaient criblée de balles et les restes de ce carillon disparurent dès le lendemain. Plus tard on les retrouva au district de Saint-Louis de la culture.
Ce carillon, avec son horloge fût tansféré à Romilly-sur-Andelle (Eure) où une fonderie avait pour tâche d'alimenter en bronze et cuivre les services de la Monnaie de Rouen, de Paris et Orléans avec l'ensemble des cloches retirées des églises des régions Normandie, Bretagne et Somme, durant la Révolution.
Monsieur Grimpet, propriétaire de la fonderie, se rendit vite compte que, malgré ses mutilations, l'horloge de la Bastile fonctionnait toujours. Il l'installa, avec son carillon, dans un campanile.
En 1802 ce carillon eut son heure de gloire. Lors de la visite de Bonaparte, Premier Consul, le 14 Brumaire de l'An XI, accompagné de sa femme Joséphine et du Ministre de la Marine, Kellerman, on fit sonner longuement ce carillon. Il accorda alors aux ouvriers de la fonderie, une gratification d'un mois de salaire.
En 1897, les fonderies fermèrent et l'horloge et son carillon, furent vendus à un négociant en métaux. Dans un premier temps, il les exposa au palais de la Métallurgie.
Après un siècle, cette illustre horloge erra d'un grenier d'une usine de Saint-Denis à un immeuble de la rue d'Eylau à Paris, mais son histoire ne s'arrête pas là, elle fut retrouvée dans un grenier du IVe arrondissement par son maire, Monsieur Théolière.
Le carillon resta longuement dans un garde meuble avant d'être proposé à la vente de 1989 à Drouot. Un représentant du Ministère de la Culture, avait fait classer le carillon monument historique alors il le préempta pour la somme de 620.000 F puis il devint la pièce maîtresse du Musée d'Art Campanaire de l'Isle-Jourdain dans le Gers, fondé en 1994.
Au musée de l'Isle-Jourdain.
Photo DDM, S.B.
En 2005, le carillon s'envola vers la Chine pour une exposition d'art campanaire dont il était l'objet phare et il y resta 4 mois.
C'était la page historique du jour ...
Violette