D'où viens-tu, petit chat ?
Dans un récent commentaire Cricrih m'a parlé de l'origine de nos chats domestiques Felis silvestris catus.
Elle parlait, à juste titre, du Moyen-Orient .
Quelques recherches plus tard, j'en sais un peu plus .
La lignée à laquelle l'animal appartient, aux côtés du chaus, du manul ou du chat à pieds noirs, se serait séparée, il y a entre 4 et 6 millions d'années, de l'autre lignée importante des félins qui a abouti aux panthères, aux lynx, aux pumas et aux tigres. C'est ce qu'on a pu établir grâce aux techniques moléculaires auxquelles les paléontologues font appel aujourd'hui. Son ancêtre est probablement Felis lunensis, une espèce datant du début du pléistocène. Cet animal ressemblait sans doute à une panthère primitive ou à un puma.
Selon certains chercheurs, il y a 20 000 ans environ, une séparation nette entre les chats sauvages d'Europe et ceux d'Afrique se serait produite. Mieux adapté aux écosystèmes secs postglaciaires d'Asie et d'Afrique, le chat sauvage africain serait apparu dans ces régions, se substituant au chat d'Europe. D'autres pensent que les formes européenne et africaine sont deux espèces distinctes. Certains identifient même une troisième espèce, correspondant aux populations d'Asie. Mais les observations des experts italiens Randi et Ragni ont montré que les différences génétiques ne justifiaient pas une telle séparation
La transition vers les chats sauvages modernes daterait du milieu du pléistocène, lorsque les animaux étaient encore de grande taille. Puis les restes de chats sauvages sont nombreux dans les dépôts de la dernière glaciation, vers 10 000 avant J.-C., et de la période postglaciaire. C'est à cette époque que s'est produite une diminution graduelle de la taille de ce félidé.
Notre chat serait un descendant du chat sauvage Felis silvestris lybica issu de la familleFelis silvestrisil y a environ 11 000 ans.
Chat africain - Caffre
Chat africain à pieds noirs
Ses descendants sauvages, encore présents en Afrique, sont légèrement plus petits que nos chats domestiques.
Ils ont un corps longiligne, sont hauts sur pattes, et arborent un pelage fauve, plus clair sur le bout des pattes, d'où leur nom de chat ganté.
C'est lui l'ancêtre de nos chats domestiques et non pas, comme on pourrait le croire, le chat forestier d'Europe (Felis silvestris silvestris) qui vit toujours à l'état sauvage en France, leur cousin.
Chat sauvage
Photo © Catherine Boucheron
Le chat ganté ignorait l' Homo sapiens, jusqu'à la sédentarisation humaine, l'agriculture et le stockage de nourriture... De quoi attirer les rongeurs et qu les villages deviennent un lieu de chasse très prisé des chats. Les hommes les ont probablement tolérés car il les débarrassait des nuisibles. e plus en plus docile au fil des générations, le chat sauvage est devenu un animal domestique.
La plus ancienne trace connue de cette cohabitation est la tombe d'un homme enterré auprès d'un chat à Chypre, datant de 9 500 ans.
Le séquençage du génome montre que la domestication du chat a modifié au moins 281 gènes régulant son comportement, son métabolisme, sa réaction à la peur, ses facultés d'apprentissage ou la couleur de sa robe. Il a cependant gardé de ses ancêtres sauvages son caractère indépendant et son talent pour la chasse qui lui permet de survivre avec ou sans l'homme.
C'est donc un animal semi-domestiqué.
Au Proche-Orient, aux environs du XIIIème siècle, un chat est né avec un pelage marbré de taches sombres, au lieu des rayures noires.
"Ce changement d'apparence est la première différence tangible induite par la domestication du chat" , souligne Thierry Grange, de l'université Paris Diderot qui a coordonné, avec Eva-Maria Geigl, une remarquable étude sur la domestication du chat parue dans la revue Nature Ecology and Evolution. "A la différence des autres animaux domestiques, dont la couleur et la forme du pelage a été très tôt sélectionnée par l'homme en signe d'appropriation, le chat a conservé sa forme sauvage pendant au moins 9000 ans."
C'est en croisant l'ADN de chats modernes avec celui de 67 squelettes de chats anciens découverts lors de fouilles archéologiques, que les chercheurs sont parvenus à dater et à localiser l'apparition de cette mutation génétique. "Il s'agit d'une mutation ponctuelle dans un gène qui contrôle la distribution de mélanine dans le poil ", explique Eva-Maria Geigl. in Sciences et Vie .
Même si sa classification reste complexe et évolue au cours du temps, il est aujourd’hui admis que l’espèce Felis silvestris, le Chat forestier, englobe différentes sous-espèces : le Chat forestier européen (F. s. silvestris), le Chat forestier d’Afrique ou Chat ganté (F. s. lybica) et le Chat forestier d’Asie ou Chat orné (F. s. ornata). Deux nouvelles sous-espèces ont été reconnues plus récemment : le Chat forestier d’Afrique du Sud (F. s. cafra) et le Chat du désert de Chine (F. s. bieti).
Suivant les recommandations de la commission internationale de nomenclature en zoologie, le Chat domestique est aujourd’hui considéré comme une espèce à part entière, Felis catus.
Détails chat domestique/chat forestier
Détails sur le chat sauvage
Site documenté dont est issu le schéma ci-dessous. "The ascent of cat breeds: Genetic evaluations of breeds and worldwide random-bred populations" par Monica J. Lipinski, Lutz Frœhnicke, Kathleen C. Baysac, Nicholas C. Billings, Christian M. Leutenegger, Alon M. Levy, Maria Longeri, Tirri Niini, Haydar Ozpinar, Margaret R. Slater, Niels C. Pedersen, Leslie A. Lyons. Traduit par Elisabeth et Odile.
Violette
Le chat Rê tuant Apophis - Tombe de Nekhtamon - XIXe dynastie