Un poète est parti
Mahmoud Darwich, محمود درويش , est parti rejoindre le monde de la poésie éternelle .
Traduction :
Serrez bien la corde autour de mes mains
Et empêchez moi d'écrire
Interdisez -moi d'avoir des cahiers
Et des cigarettes.
Et mettez de la terre sur ma bouche
La poésie reste le sang du coeur ...
Et le sel du pain ...
Et l'eau de l'oeil.
Elle s' écrit avec les ongles
et les pierres
et les sabres.
(Le sabre est un couteau courbe traditionnel )
Je cite le quotidien "Libération " :
[...]
Considéré comme l'un des plus grands poètes arabes de sa génération, Mahmoud Darwich est né en 1941 à Al-Birweh, en Galilée, alors en Palestine sous mandat britannique et aujourd'hui dans l'Etat d'Israël.
Lors de la guerre israélo-arabe de 1948, ce village est rasé et ses habitants forcés à l'exil.
La famille Darwich s'enfuit au Liban, où elle restera un an, avant de rentrer clandestinement en Israël avec un statut précaire.
Au début des années 1970, il choisit l'exil. Il part pour Moscou étudier l'économie politique puis Le Caire en 1971.
A Beyrouth, en 1973, il travaille comme rédacteur en chef au Centre de recherche palestinien de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), rejoignant l'organisation alors en guerre avec Israël.
Après la guerre israélienne au Liban durant l'été 1982, qui a forcé la direction de l'OLP à trouver refuge à Tunis, Darwich reprend la route de l'exil: Le Caire, Tunis puis Paris.
En 1993, il démissionne de l'OLP pour protester contre les accords d'Oslo, estimant qu'ils n'apporteront pas une "paix juste" pour les Palestiniens.
En 1995, après l'avènement de l'Autorité palestinienne, il rentre sur sa terre: la bande de Gaza puis Ramallah.
En mai 1996, il est autorisé à fouler le sol d'Israël pour la première fois depuis son exil afin d'assister aux funérailles de l'écrivain arabe israélien Emile Habibi.
En juillet 2007, lors d'un récital donné en Israël, il ironise sur la prise du contrôle du mouvement islamiste Hamas de la bande de Gaza. "Nous avons triomphé. Gaza a gagné son indépendance de la Cisjordanie. Un seul peuple a désormais deux Etats, deux prisons qui ne se saluent pas. Nous sommes des victimes habillées en bourreaux", dit-il avec amertume.
Le poète critique également la "mentalité israélienne de ghetto" et la politique israélienne qui empêche la création d'un Etat palestinien viable.
Au festival des musiques du monde à Arles (sud-est de la France) en juillet dernier, il confiait préférer les thèmes universels de l'amour, la vie, la mort à ceux purement politiques de ses débuts et vouloir être lu "comme un poète", "pas comme une cause".
Clic sur la photo
Monsieur Cerise enseignait la poésie de Mahmoud Darwich aux terminales de lycée à Safi . Ci -dessus un scan de la page du livre de littérature .
"Quand les hommes pleurent "
Ils ne m'ont pas reconnu dans les ombres
qui absorbent ma déchirure sur le passeport.
ils ne m'ont pas reconnu dans les ombres
qui absorbent ma déchirure sur le passeport
ils exposaient ma déchirure aux touristes
collectionneurs de cartes postales
ils ne m'ont pas reconnu
ne laisse donc pas
ma paume sans soleil
car les arbres
me connaissent
toutes les chansons de la pluie me connaissent
ne me laisse pas aussi pâle que la Lune.
Enfante-moi... enfante-moi (Lidinni),
pour que je sache en quelle terre je mourrai (Amoutou)
et en quelle terre je ressusciterai (Aeia).
(Salamoun) Paix sur toi qui prépare le feu
du matin (Sabahi), paix sur toi, paix sur toi
(Anahali) N'est-il pas venu le temps de t'offrir
quelque présent, le temps de revenir à toi ?
Tes cheveux sont-ils encore plus longs que notre vie
(Omrina) et les arbres des nuages qui te tendent le ciel
pour se maintenir en vie ? (Lyahya)
Enfante-moi, pour que je boive à ton sein le lait
du Pays (Elbiladi), que je reste enfant dans tes bras
jusqu'à la fin des temps (abdi l'abidine).
J'ai beaucoup vu ô mère, beaucoup vu (Raâytou).
Enfante-moi pour que je reste sur tes paumes
(Rahatayki). Chantes-tu et pleures-tu toujours
pour rien quand tu m'aimes (Lachayë).
Mère : j'ai égaré mes mains sur les hanches d'Ube
femme chimérique (Sarabin).
J'étreins le sable, j'étreins l'ombre (Dilla).
Puis-je revenir à toi, puis-je revenir à moi (ILaya) ?
Ta mère a une mère ; les figuiers du jardin
ont des nuages (Raymoun),
alors, ne me laisse pas seul, errant (Charidan),
je veux tes mains pour porter mon cœur (Kalbi).
Je me languis du pain de ta voix, mère (Oummi) !
Je me languis de tout. Je me languis de toi.
Je me languis de moi.
Photos sur le site de Musiques du Monde .Festival d'Arles , juillet 2008