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Points de cerise violette
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Points de cerise violette
6 juin 2014

Extrait ...et traits de caractère

 

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Karim accepte que je  publie sur mon blog un extrait de son roman . 

C'est un voyage initiatique depuis l'enfance d'un garçon , au Maroc . Traditions romancées et modes de vie passés ou actuels ...

Le passage ci-dessous est dans le deuxième chapitre.

 

zellige

 

Dans le roman, les mots  arabes ou en dialecte marocain sont écrit en italique et à la première parution,dans le texte, il y a sa traduction .

Par exemple : Il n'est ni fkih , ni prieur , ni apprenti.

Il essaie de se montrer comme un talab, un enseignant du Coran .

Quand ils vont à un zarda , un repas festif.

NB : un fkih est un prieur à la mosquée , dans les mausolées et les cimetières. Il est payé par des dons individuels .

 

 

 

[...] Il y a quelqu’un qui force la place. Il n’est ni fkih ni apprenti. C’est un jeune homme qui veut avoir une réputation dans le quartier et la reconnaissance des gens. Il s’est mis au service de la mosquée et de l’imam. Il fait tout pour eux. Il nettoie les tapis et les toilettes et fait les courses.
     Il est tout le temps aux ordres de la femme de l’imam. Quand elle veut savoir des choses sur son mari ou les lieux où il se trouve, à tout moment, il suffit de demander à Miloud Elkassal. 

     Elkassal, c’est un petit métier qui s’exerce dans le hammam. L’homme aide les gens à se laver et il leur porte les seaux d’eau.
     C’est un jeune du quartier qui a des antécédents. Durant son adolescence, il a été très agressif ce qui lui a valu d’être emprisonné après s’être bagarré avec un homme et lui avoir infligé des séquelles à vie.
     Un jeune revenu à Dieu. Délaissant son âme diabolique, il est devenu serviteur de la mosquée pour s’acheter une conduite. « Dieu accepte celui qui reconnaît ses fautes et qui demande le pardon ! » dit-il toujours d’un air sérieux. Mais il est resté agressif dans son comportement.
     Il ne faut pas le « chercher ». Il devient très colérique s’il sent que quelqu’un l’humilie. Il traite de tout et de n’importe quoi, les gens qui l'ennuient. Il ne pardonne rien et insulte, même dans l’enceinte de la mosquée. Il n’a ni le respect des gens ni celui des lieux.
     Il reste, malgré tout, inéduqué.
     
     Il essaie de  montrer qu'il est talab. Il lit le Coran sans prendre le livre, comme un fkih. Mais il fait de graves erreurs de prononciation et de mots. Ce qui lui vaut des moqueries des autres et surtout celles de l’imam.
    Ce qui dérange celui-ci, ce ne sont pas les fautes qu’il fait dans la lecture, mais ce qu’il demande comme salaire, quand il vont à un zarda. Il veut prendre un salaire complet, comme l’imam. Alors, quand il fait des erreurs, l’imam lui rappelle qu’il n’est pas encore mûr et qu’il lui faut encore apprendre à lire et à mémoriser.
    Il ne répond pas à l’imam. Il reste tête baissée sauf quand il veut sa part de l’argent.
   
    Qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour plaire à l’imam ! Tout est bon. Il n’attend qu’un signe, comme un esclave. Un chien qui attend que son maître ait pitié et lui jette un os. Mais l’imam exagère, à vrai dire, il ne fait que l’embêter, comme  une vengeance envers lui. 
     
     Il faut dire qu’il reçoit beaucoup de plaintes . Il lui « embrouille » la tête. L’imam veut un assistant plus calme, qui l’écoute et fait ce qu’il lui commande, sans qu’il élève la voix. 
     Quand l’imam veut éviter de faire lui même du mal à quelqu’un, il suffit qu’il annonce qu’il est embêté et qu'il nomme la personne.
Miloud Elkassal est toujours prêt. Rien ne le gêne. Il fait la même chose à qui est sur son chemin. En clair, la même chose qu’il fait dans le hammam mais avec une féroce brutalité . 
     Il ne pense plus à la prison. 
     Il n’a rien à perdre. Il vit seul dans un garage aménagé comme une petite chambre. Il passe toute la journée mais aussi un peu la nuit sauf pendant les quelques heures où il dort et pendant son travail, à traîner dans les rue du quartier .
     
      Le travail au hammam lui prend une grande partie de sa nuit. Après la dernière prière du soir Laacha , il sort directement de la mosquée au hammam. Un caleçon à portée de main, dans un coin de la mosquée. Personne ne le touche car tous les visiteurs de la mosquée connaissent son propriétaire. Certains critiquent, disent que ce n’est pas normal d’avoir un slip sale dans la mosquée, au nez des fidèles. Il entend des remarques de certains, qui sont intouchables, mais il ne dit rien. Il se console en disant que c’est de la jalousie et que ce sont des voyous.
       Comme d’habitude, il trouve toujours une raison qui lui convient, à lui, mais pas aux autres car il n’y a rien à voir avec la raison !  C’est la loi de Miloud Elkassal.

       Les gens font attention quand ils mettent leur tête et leur corps entre ses mains, pour le rasage et le massage, dans le hammam. Il peut transformer un moment de soulagement en un moment de souffrance. 
       Il cherche toujours et regarde, comme un aigle, qui entre et qui sort. Il cherche à voir ceux qu’il connaît et à faire d’autres rencontres parmi les visiteurs du hammam. 
       Il intimide les gens avec ses regards. Comme s’il leur disait qu’il faut passer par lui pour entrer dans le hammam.

       Il y a toujours une personne à l’accueil, qui empoche les paiements à la sortie, mais Miloud Elkassal veut tout faire et tout dire.  Le réceptionniste doit se taire et il en a plus qu'assez de lui demander de s’occuper seulement de ce qu’il fait et qu’il le fasse bien.
       Miloud Elkassal oublie toujours ses promesses car il s’occupe toujours de beaucoup de choses qui ne sont pas ses affaires .
       
       Il gêne les gens. Ils lui demandent de les aider et de les laver seulement par pitié car il n’a pas autre chose à lui faire faire et c’est mieux çà que de le laisser voler. Mais lui ne le comprend pas comme ça. Il le reçoit comme un compliment, être considéré comme le meilleur masseur de la ville et que les gens le cherchent pour avoir le baraka de sa main. Il prend le baraka de la mosquée. 
       Il répète tout le temps 

« Regardez cette main. 
C’est une main de saint, 
Elle passe la journée à nettoyer les lieux saints 
Et ne nettoient, la nuit, 
Que le corps d’un généreux saint … ».

       Il a commencé à dire de la poésie. Les gens croient à la folie. Il a dépassé les limites. Les gens ont commencé à penser qu’il fait semblant.
      Miloud Elkassal s’assoit durant les moments calmes devant la porte à attendre de nouveaux arrivants et il commence à dire des poèmes. Ce n’est pas de la vraie poésie, mais il croit, lui, que ce sont des poèmes. Les gens disent qu’ils sont beaux pour ne pas le contrarier. 
      Ce qu’il déclame, ce sont des paroles simples. Il prend des mots du Saint Coran et des paroles et essaie de les lier un par un. Il n’a jamais été à l’école publique ni coranique. L’imam raconte que c’était un berger et qu’il a passé son enfance à garder des moutons. Mais ce travail-là n’est pas insultant pour un musulman. Car le Prophète était un berger avant de devenir commerçant puis Prophète, envoyé de Dieu. L’imam répète toujours ces paroles quand il dit que Miloud Elkassal était berger.
       Il voit une folle colère sur le visage de Miloud. Comme un chien qui veut attaquer. Il n’accepte pas qu’on parle de son passé. Il veut être ce qu’il est au présent, même plus. Il pense même qu’un jour, il va prendre la place de l’imam.

      Cette place-là d’imam est un lieu saint car on y est un guide. Il faut être un saint pour être imam. Et la sainteté se gagne par la prière, l’approche de Dieu et la bonté. Ses choses-là ne se méritent pas parce qu’on peut lire ou écrire. Des saints ne savent ni lire ni écrire, tel le Prophète.

      -« Il ne reste plus qu’il dise qu’il est le nouveau prophète » dit l’imam Mbarak, dans un grand rire. 

Puis 
      -« Quelqu’un qui a un passé comme le sien ne souhaitera jamais le pardon de Dieu » continue l’imam Mbakak d'un ton très coléreux . 
      Il veut le punir pour ce qu’il a fait et aussi parce qu’il a dit qu’il veut prendre sa place d’imam.

      Mais lui ne cache pas son passé avec le chaikh Zaazaa. Un vieux monsieur très malin. Presque nain, maigre, il sort sa tête, telle une tortue, de son adjelaba qu’il ne quitte jamais. C’est quelqu’un de propre. Il nettoie toujours ses vêtements et tout ce qu’il porte.       Il n’était pas riche mais suffisamment aisé pour avoir de quoi vivre sans rien demander à quelqu’un. Il n’avait pas de travail, mais il avait un camion ou un commerce d’où il recevait une pension mensuelle pour ses besoins.
      C’est un homme sérieux mais plein de rire et d’humour. Il aime faire des blagues avec les autres. Tout ce qu’il voit réveille en lui un moment d'humour et une idée drôle. Il veut oublier les souffrances de la vie. Ce qui est passé suffit aux gens. Il faut profiter des moments qui restent avant de partir au-delà.
      Quand il rencontre Miloud Elkassal, il commence à lui tirer les vers du nez. Et puisque Miloud Elkassal l’apprécie bien, il se livre à lui, comme on se livre à un psychiatre. [...]

Suite à venir , patience !

PCC Cerise violette

 

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Commentaires
B
Merci mes ami(es) .Je suis fier de vous tous et de vos compliments .Le roman est terminé à l'écriture .Et une deuxième lecture est obligatoire .Il fait plus de 330 page .Je ne veux pas faire plus .Je laisse ma réserve pour les dix romans qui viennent .C'est parti ...Que Dieu nous aide et merci pour vos encouragements .C'est à Violette de choisir si elle veut publier une autres paragraphe pour vous . J'ai donné mon accord . HIhihihihihihihiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
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B
Bravo à Karim pour ce premier jet d'un roman. Je lui souhaite bonne continuation. Bisous
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M
J'admire Karim (et sa correctrice) quel travail !<br /> <br /> Et bien épatées nous sommes.<br /> <br /> Si tu permets :<br /> <br /> .. de graveS erreurs de prononciation ...<br /> <br /> ... oublier les souffranceS à vie...<br /> <br /> Tu as réveillé la correctrice qui dort en moi ! bisous
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P
très beau sujet, bien écrit et qui nous apprend plein de choses. Bravo à vous deux, et on attend la suite avec impatience. Bises
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D
j'ai bien aimé ce début de cette histoire.<br /> <br /> bravo à Karim
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